Faute de rentes sur l'Etat,
Jeune, je dus prendre un état
Dans l'industrie.
Je suis liseur -non de journaux-
Mais de dessins originaux
Que j'historie ;
De dessins, souvent maquillés,
Sur de grands papiers quadrillés,
Par chaîne et trame,
Dont il me faut fixer les tons
Par des trous faits dans les cartons,
A tant la rame.
En arrivant à l'atelier
Il faut prendre le tablier,
Quitter la veste ;
Puis sans murmurer un "bonjour",
Vers son lisage, au demi-jour,
S'en aller preste.
Devant sa carte, sur un banc,
Ce qu'il faut se chauffer le sang,
S'user la vue !
Pour tricoter un simple oeillet,
Une rose ou même un bluet,
Ce que l'on sue !
Ces tissus tant admirés,
Ces fleurs, ces ronds ou ces carrés
De toutes formes,
Exigent de nos doigts subils,
Pour enchevêtrer tant de fils,
Des soins énormes.
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